DOCUMENTS

Documents

Échos à l’article de Gloria Leff : “Accueillir la folie”

(voir aussi l’article de Marie-Caroline Heimonet : Freud en chantier dans le numéro 2 de la revue neutre)

La lettre de Freud à István Hollós, datée du 4 octobre 1928, constitue une réponse tardive à l’envoi de Mes adieux à la Maison Jaune. Freud y exprime, avec une rare franchise, son trouble face à la folie, tout en interrogeant sa propre position à l’égard du ça. Le lecteur pourra se référer à l’article publié dans ce numéro 3 pour un développement plus approfondi des enjeux soulevés.

Transcription en allemand :

Lieber herr Doktor,

Aufmerksam gemacht, dass ich es unterlassen habe mich für Ihr letztes Buch zu bedanken, will ich hoffen, dass es nicht zu spät ist das Versäumnis gutzumachen.

Es entstammte nicht dem Mangel am Interesse für den Inhalt oder für den Autor den ich hier auch als Menschenfreund schätzen lernte sondern ergab sich als folge unabgeschlossene Gedankengänge die mich nach der Lektüre lange beschäftigten, die wesentlich objektive Natur waren. Bei uneingeschränkter Anerkennung Ihrer Gefülswärme, Ihres Verständnisses und Ihre Tendenz fand ich mich doch in einer Art von Opposition die mir nicht leicht verständlich wurde. Ich gestand mir endlich, es komme daher, dass Ich diese Kranke nicht liebe, dass ich mich über sie ärgere, sie so fern von mir und allem Menschlichen empfinde. Einen Merkwürdigen Art von Intoleranz die mich gewiss zum Psychiater untauglich macht.

Im Laufe der Zeit habe ich aufgehört, mich selbst interessant zu finden, was gewiss analytisch nicht korrekt ist, und bin darum in der Erklärung dieser Einstellung nicht weiter gekomen. Können Sie mich besser verstehen? Benehme ich mich dabei wie frühere Ärzte gegen die Hysteriker, ist es die folge einer immer deutlichen gewordenen Parteinahme für den Primat des Intellekts, den Ausdruck einer feindseligkeit gegen das Es? Oder was sonst?

Mit nachträglichem herzlichem Dank und vielen Grüßen.

Ihr Freud

Proposition de traduction de la lettre de Freud à Hollós du 10 avril 1928

Cher Docteur,

Mon attention ayant été attirée sur le fait que j’avais négligé de vous remercier pour votre dernier livre, je veux espérer qu’il n’est pas trop tard pour réparer l’omission.

Cela n’est pas venu d’un manque d’intérêt pour le contenu ou pour l’auteur que j’ai appris ici à connaître aussi en tant que philanthrope mais cela résulte plutôt de réflexions inachevées qui m’ont longtemps occupé après la lecture et étaient de nature essentiellement subjectives. Avec une approbation sans limite pour votre chaleur humaine, votre compréhension, votre façon de vous orienter/mode d’abord/ orientation, je me trouvais pourtant dans une sorte d’opposition qui ne m’était pas facilement à compréhensible. Je m’avouai finalement que cela venait du fait que je n’aimais pas ces malades, que je m’irrite contre eux de les ressentir si loin de moi et de tout ce qui est humain.  Une forme curieuse d’intolérance qui me rend impropre au métier de psychiatre/incapable d’être psychiatre.

Avec le temps j’ai cessé de me trouver moi-même intéressant ce qui analytiquement est certainement incorrect et c’est pourquoi je ne suis pas arrivé plus loin dans l’explication /éclaircissement de cette position/attitude. Me comprenez-vous mieux ? Est-ce que je me comporte par là comme les médecins d’autrefois envers les hystériques ? Est-ce la conséquence d’un parti-pris devenu de plus en plus net pour la primauté de l’intellect, l’expression d’une hostilité envers le Ça ? ou quoi d’autre ?

Avec mes chaleureux remerciements et toutes mes salutations rétrospectives.

Votre Freud

Préface du livre Das Ich und das Es dans sa version hongroise originale de 1937

La préface de Hollós à la traduction hongroise du Moi et le Ça, rédigée avec Géza Dukes, expose les choix théoriques et linguistiques opérés pour traduire la notion freudienne de das Es, et revient sur la genèse du néologisme hongrois ősvalami. Une lecture plus détaillée est proposée dans l’article publié dans ce même numéro 3.

.

(Visited 13 times, 1 visits today)

Comments are closed.

Close