TEST RAFAEL

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Une issue au binarisme

Rafael Perez

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Une question s’est posée dans l’un des arguments d’invitation au colloque de l’École lacanienne de psychanalyse « Deux analytiques du sexe. Analytique du lien, analytique du lieu »[1] :

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Comment ces deux analytiques du sexe s’articulent-elles l’une avec l’autre, cohabitent-elles, voire glissent-elles l’une dans l’autre ?

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C’est une question apparemment simple, voire naïve, je dirais, et pourtant difficile. Je la reçois comme une porte ouverte sur une sorte d’espace public de discussion, de conversation, d’exploration et de problématisation de l’exercice analytique dans l’actualité. Las verdades que más nos importan vienen siempre a medio decir (Baltasar Gracián).

La distinction de deux analytiques du sexe a été repérée par Jean Allouch, une fois parvenu à une nouvelle localisation de la psychanalyse, c’est-à-dire à un déplacement : l’analyse trouve sa place avec les mouvements spirituels contemporains. Il s’agit d’un tournant important dans le passage de la première à la seconde analytique du sexe. Allouch situe l’analyse dans les exigences des spiritualités contemporaines. Pour cela, il se sert de Lacan, Foucault, la littérature, les études gaies et lesbiennes, la théorie queer, la folie, les philosophes des anciennes écoles philosophiques. C’est un séisme d’une ampleur considérable.

Dans l’année 2002, une nouvelle analytique était, à l’époque, qualifiée de pariasitaire :

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Qu’on se rassure, ça ne sera pas plus mal mais plutôt une occasion offerte à la psychanalyse de mieux se définir comme ce qu’elle est : non pas socialement intégrée mais, depuis Freud, une analytique pariasitaire[2].

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Cette analytique établit, à la fois, une lecture critique de Lacan et de nouveaux horizons non médicalisés pour la psychanalyse. L’auteur fait une lecture critique des concepts traditionnels de la psychanalyse. Ce sont des textes et des documents qui se distinguent par un abandon de la vision familiale et de la norme, ils proposent une normalité manquante. D’un autre côté, il faudrait dire que Jacques Lacan a anticipé ce mouvement il y a plus de soixante ans. Il témoigne lui-même que les livres de Michel Foucault depuis 1953 se sont glissés dans son enseignement :

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Il est d’autant plus remarquable que l’œuvre de Michel Foucault se trouve avoir adopté, se trouve au départ, s’être en quelque sorte infiltrée du premier temps de mon enseignement en l953[3].

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Lire Lacan avec Foucault parasite l’essentialisme psychanalytique. Et j’ose dire que la distinction de deux analytiques du sexe, qui s’est produite en 2016, a eu un impact sur la communauté psychanalytique. Depuis lors, il n’a pas été facile pour le lecteur d’éviter les malentendus qui se manifestent de manière récurrente autour de cette distinction. On insiste sur une difficulté de lecture. Cette difficulté ouvre un certain vide qui ne se contente pas d’affirmer ou de nier la distinction proposée. Il devient nécessaire de poser des questions au texte sans rien prendre pour acquis.

La distinction de deux analytiques du sexe est une manière de “reprendre l’analyse à nouveaux frais”. Allouch change radicalement son rapport à Lacan. Le mouvement de prolongation s’est arrêté, ce qui produit un tournant du point de vue du lecteur. Mettre au jour deux analytiques du sexe dans la lecture de Lacan le fait glisser vers un nouvel horizon, l’analytique du lieu :

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On se trouve ici contraint, comme j’ai pu le faire, à distinguer deux analytiques du sexe, celle de l’objet a et cette autre, l’analytique du rapport sexuel, vers laquelle la première est ici dite se diriger… comme s’il pouvait exister[4].

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Avec la mise en lumière de cette distinction chez Lacan, Allouch glisse un second langage : termes nouveaux, opérations, indications, conjectures, thèmes et problématisations inédits. Ce second langage qu’il propose chiffre l’écrit, ce qui viendrait à constituer son code d’accès.

Le glissement d’une analytique du sexe vers… une autre analytique du sexe, présente plusieurs limites. Il n’est pas question d’appliquer une analytique à l’autre, ni de les comparer, ni de les juxtaposer, elles opèrent en même temps :

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Ces deux analytiques du sexe ne sont pas exclusives l’une de l’autre, elles opèrent en même temps[5].

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Avec cette discrète distinction chez Lacan, se met en jeu une opération de lecture qui implique une manière inédite de lire un texte. Laquelle ?

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Du texte dans le texte

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« Un chiffre, c’est-à-dire

« on n’y comprend rien ! »

Jean Allouch[6].

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La Postface 2021, L’altérité littérale, de Jean Allouch, qui reprend Lettre pour lettre sous l’éclairage apporté par la distinction de deux analytiques du sexe, a mis en évidence certaines thématiques délaissées par la psychanalyse et la psychiatrie.

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Cette distinction a mis en valeur un certain nombre de thématiques négligées par les divers courants de la psychanalyse et de la psychiatrie actuelles : la littéralité, la liberté, le soulèvement, la volonté[7].

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Les difficultés de lecture posées par le texte permettent de voir très facilement qu’en tant que lecteur on est contraint de se détacher de ce qu’on a appris auparavant. On pourrait dire que se déprendre de soi-même est le geste d’Allouch avec l’écriture de L’altérité littérale — en emboîtant le pas à Foucault. L’exercice de lire Lettre pour lettre avec la distinction de deux analytiques du sexe rend visibles certains battements discrets de Lettre pour lettre.

La psychanalyse qu’Allouch reçoit de Lacan avec Foucault part du déplacement de l’auteur du texte : le texte cesse d’appartenir à son auteur au moment où il est publié. Ainsi, si l’on suit ce principe radical qui déplace l’auteur, l’accent ne sera plus mis sur l’interprétation du texte mais sur la réception du lecteur. La réception du texte par le lecteur est mise en jeu.

La distinction de deux analytiques du sexe, rend visible que Jean Allouch « lecteur » reçoit Jacques Lacan avec un nouveau langage. Il cite Michel Foucault :

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C’est essentiellement maintenant la possibilité de constituer, à partir d’un langage donné qu’on appelle l’œuvre, un nouveau langage, et un nouveau langage qui soit tel que ce second langage obtenu à partir du premier puisse parler du premier[8].

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Ce second langage obtenu du premier, c’est ce qui vient parler du premier. Il s’agit d’une nouvelle façon de lire. Cette opération de lecture avec ce second langage implique une manière inédite de lire où « le texte dans le texte » prend valeur de chiffre :

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Cette manière inédite de lire un texte (qui peut être porté par une parole) en s’en remettant au texte dans le texte (au chiffre), à un « second langage » [9].

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Allouch conjecture que le chiffre est opaque (il empêche le passage de la lumière), illisible (il ne se lit pas), énigmatique (il contient une énigme). C’est ainsi qu’il est connoté dans la Postface. Chaque fois que le sujet est impliqué dans une affaire, il y a là un chiffre qui y opère.

Je renvoie à une simple définition du chiffre donnée par Allouch dans Lettre pour Lettre qui est reprise en gras par Melenotte dans L’insistance de la lettre chez Lacan, compte tenu de son importance :

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Ce qui écrit l’écrit s’appelle chiffre[10].  

Ce qui écrit l’écrit a un nom, cela s’appelle chiffre[11].

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Lettre pour lettre, soulève plusieurs questions qui concernent la lecture des rêves. Depuis L’interprétation des rêves de Sigmund Freud, une telle nouvelle lecture des rêves n’avait pas été proposée. Par exemple, il situe une opération qui se déroule entre le rêve et la veille :

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Le rêve retourne à l’incident de la veille pour le lire avec de l’écrit[12].

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Le rêve renverse l’incident de la veille, crée avec les images un second langage obtenu du premier qui vient parler du premier, qui ouvre la possibilité de voir ce qui s’y chiffre.

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Un exemple “du chiffre” dans Lettre pour lettre

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Mon intention est de souligner les petits battements de ce livre qu’en tant que lecteur, j’ai pu étudier. Battement, j’utilise ce terme comme témoignage de lecture. En lisant Lettre pour lettre avec la distinction de deux analytiques du sexe, l’exemple suivant est apparu, offrant un témoignage indirect de Jean Allouch :

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Un jour qu’une personne évoquait, devant moi, l’état de santé d’une mère âgée et pour tout dire mourante, un état de pourriture corporelle […], je me mis, au beau milieu de la sordide évocation du caractère éminemment solidaire de ce qui est vie et de ce qui est pourriture, à… éternuer[13].

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Il témoigne qu’il se mit à… éternuer, lorsqu’il reçut ce qui était dit par cette personne, d’abord sont apparus les points de suspension, la signification a été suspendue un instant durant lequel son analysant se rend compte de quelque chose et il le constate, en déclarant : « oui, je sais, ça jette un froid. » Selon lui, l’analysant a donc témoigné avoir su lire son éternuement, et puis, c’est ce témoignage qui lui permet de situer l’éternuement comme un chiffre :

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Il avait ainsi sans hésitation reçu cet éternuement comme un chiffre, le chiffre de ce que j’entendais[14].

 

Aucun grand Autre ne vient lire ici, aucune magnifique interprétation n’a eu lieu, seulement le constat qu’il s’agit avec l’exemple de l’éternuement, d’un Autre in-existant. Chaque fois que le sujet se trouve engagé dans une question, il y a un chiffrage qui y opère.

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Jusqu’à l’écriture de cette Postface 2021, l’incidence du chiffre avait été mal calculée, elle était toujours renvoyée à un déchiffrement inconscient. Cependant, il ne s’agirait plus là d’une interprétation, comme ça se suggérait en 1984, mais de l’impact du chiffre qui n’avait pas su se faire remarquer :

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On mesure fort mal l’ampleur de l’incidence du chiffre dans les multiples petites ou grandes décisions à quoi chacun est appelé[15].

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L’altérité littérale souligne, met en lumière, l’incidence du chiffre et permet de lire d’une manière nouvelle ce qui s’écrivait dans Lettre pour lettre en 1984. Une béance s’ouvre ici pour de nouvelles investigations.

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La “littéralité” dans Lettre pour lettre

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De quelle manière la littéralité intervient-elle dans la lecture ? En 2021, la littéralité est reçue comme témoignage indirect par certains lecteurs :

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La littéralité fut première dans ce qui est aujourd’hui vu par certains de mes lecteurs comme un parcours et qui me l’ont signalé[16].

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La littéralité joue un rôle fondamental dans les thématiques problématisées par Allouch, je dirais qu’elle a le rôle principal. Lettre pour lettre montre une opération de lecture à partir de la figure d’un Lacan « lecteur ». Il part d’un exercice, d’un témoignage indirect, comme façon de s’approcher, d’accéder à cette littéralité :

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On peut constater en effet que chacune des lectures que Lacan a poursuivies jusqu’à en recevoir un enseignement lui-même, se caractérise par la mise en jeu d’un écrit pour la lecture, pour l’accès au texte lu, à sa littéralité[17].

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Il soutient que les lectures que Lacan a effectuées se caractérisent par le fait d’engager un écrit pour la lecture (un mathème, un ternaire, un triptyque, une discrète distinction) qui servent à accéder à la lecture de certains textes : « Lacan lit avec de l’écrit[18]. »

L’accès à la littéralité est ce qui ferait qu’un texte a été lu. La partie se joue entre le texte élu et le texte lu. Le texte choisi permet d’accéder à sa littéralité, ce qui ferait qu’un texte a été effectivement lu. Le lecteur doit choisir quelle lecture placer sous la dépendance de ce qui est écrit. Dans cet exercice, recevoir un texte se caractérise par le choix d’un écrit pour la lecture.

Le chiffrage apparaît, peut être vu, lorsqu’il y a versement du texte dans le texte. Ce qui oblige la lecture à voir la modalité avec laquelle le texte a été chiffré. Ici, il s’agit de lire ce qui est écrit dans Lettre pour lettre avec la distinction de deux analytiques du sexe.

Le problème auquel le lecteur est confronté, l’obstacle, la difficulté de lecture, c’est que deux chiffrages différents opèrent dans le texte : L’altérité littérale est un texte chiffré d’une manière différente de Lettre pour lettre. Un texte dépend du chiffre avec lequel il est lu.

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Le triptyque « translittérer, transcrire, traduire » situe l’opération de traduction

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Je commence par le chiffrage de lecture qui fonctionne de manière manifeste dans Lettre pour lettre. C’est un triptyque qui situe l’opération de traduction reliant trois écritures différentes, la première, la traduction elle-même, est fondée sur le sens, la seconde, la transcription, est fondée sur le son de la voix, la troisième, la translittération, correspond à la lettre. L’introduction de ce triptyque est dite être le motif manifeste de Lettre pour lettre :

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L’objet de ce livre est l’introduction de ce triptyque dans la doctrine psychanalytique[19].

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Lorsqu’en 1984, Allouch lit Lacan avec l’opération de la translittération, il la fait glisser vers… ce triptyque qui se place sous la dépendance du ternaire réel, symbolique, imaginaire. Ce chiffrage de Lacan sert à lire certains textes de Freud, comme il sert aussi de support précieux au déchiffrement de nombreuses séances des séminaires de Lacan. Beaucoup de lecteurs se sont orientés dans l’exercice d’analyse avec ce chiffrage que Lacan a proposé des 1953. On peut également constater que, à partir du triptyque d’Allouch, certaines séances, certaines expressions, certains mots, peuvent être lus et traduits selon ce ternaire.

Cependant, pour en revenir à ce que je viens de dire, dans l’exercice de lecture, la réception de l’écrit par celui qui lit est mise en jeu. Foucault a proposé que cette réception s’effectue à partir d’un second langage qui n’est pas dans l’œuvre — par exemple, le retour de Lacan à Freud. Lacan lit certains textes de Freud avec ses trois dimensions, réel, symbolique, imaginaire.

Ce second langage va lui permettre d’accéder au texte qu’il est en train de lire avec de l’écrit. Parallèlement, les trois dimensions avec lesquelles Lacan lit Freud encodent certaines lectures. Dans ce premier moment d’introduction en 1984, le chiffrage sera glissé encore et encore vers… l’opération de déchiffrement qui passe par le triptyque à quelques exceptions près. Le problème a été qu’en voulant mettre en lumière le ternaire de Lacan avec le triptyque, on négligeait la question de la littéralité que lui-même avait glissée depuis 1979 dans la psychanalyse.

La translittération apparaît dans Lettre pour lettre, comme une lecture littérale :

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Cette lecture littérale, on saura après coup si c’est bien cela qu’elle aura été. Or, écrire l’écrit est le chiffrer[20].

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Allouch lui a fait perdre son sens de ternaire dans son texte, parce qu’ « en réglant l’écrit sur l’écrit », la spécificité de la translittération deviendrait plus perceptible, puisque le lecteur y saurait qu’il a affaire à deux écritures différentes :

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Translittérer est écrire en réglant l’écrit sur l’écrit, aussi la spécificité de cette opération apparaît-elle mieux là où on a affaire à deux écritures différentes dans leur principe même[21].

 

Lue depuis L’altérité littérale, la clé de lecture de Lettre pour lettre n’est pas dans l’opération de traduction, mais dans l’opération de translittération avec laquelle Allouch avait commencé à encoder un second langage. L’altérité littérale, avec la distinction de deux analytiques du sexe, se verse dans Lettre pour lettre, produisant un renversement, un changement de terrain dans la lecture. Libérée du corset du triptyque transcription, traduction, translittération, qui les maintenait liées quand elles ne l’étaient pas, la translittération se verse dans L’altérité littérale.

Cela produit un déplacement d’une telle ampleur qu’il change complètement le terrain : il ne s’agit plus de déchiffrer, ni d’interpréter, ni d’expliquer, ni de la voix, ni du sens, ni du triptyque. L’efficacité proposée par la lecture littérale ne peut être connue à l’avance, elle ne le sera qu’après coup, « si c’est bien cela qu’elle aura été ». « L’unebévue » de Lacan, verse, après coup, ce terme de Freud « Unbewuβte ».

La lecture littérale dépend de son efficacité.

Jamais avant Lettre pour Lettre, la littéralité n’avait été rapprochée avec le translittéral opérant dans l’analyse :

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Le translittéral est ce qui situe et nomme l’opération de cette prise en charge, ce virage du

« littoral » au « littéral » par lequel la lettre qu’il instaure trouve sa place dans l’Autre[22].

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Cette tournure par laquelle la lettre trouve sa place dans l’Autre, résonne, vibre, entre en résonance, est accentuée par la définition de la lettre proposée par George-Henri Melenotte dans L’insistance de la lettre chez Lacan :

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La lettre comme treille de l’absence[23].

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Deux analytiques du sexe

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Dans Histoire de la sexualité I, La volonté de savoir, le terme « analytique » est défini ainsi par Foucault, en 1976 :

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La définition d’un domaine spécifique que forment certaines relations ;

La détermination des instruments qui permettent de l’analyser[24].

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A partir d’une lecture littérale, il est possible de repérer quelques indices des trois parties contenues dans la question qui a été reprise au début du texte :

 

Comment ces deux analytiques du sexe s’articulent-elles l’une avec l’autre, cohabitent-elles, voire glissent-elles l’une dans l’autre ?

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Comment ces deux analytiques du sexe s’articulent-elles l’une avec l’autre ?

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Une image indique une première réponse à cette question dans Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ? Dans ce premier moment, Allouch les situe avec une image du nœud borroméen mis à plat[25] :

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Comment ces deux analytiques du sexe cohabitent-elles ?

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Dans l’image où elles cohabitent dans des zones différentes, les deux analytiques du sexe sont voisines. La surface où elles glissent est illustrée dans cette image par le nœud borroméen. On y montre que les deux analytiques du sexe sont séparées par la corde noire du symbolique. Elles cohabitent entre ces deux zones de l’image d’un nœud borroméen mis à plat.

Dans la scène posée par le texte d’Allouch, les deux analytiques du sexe apparaissent cohabitant dans deux lieux différents situés dans des zones voisines. La corde noire du symbolique sépare les deux zones, il fonctionne comme une séparation.

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Comment ces deux analytiques du sexe glissent-elles l’une dans l’autre ?

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Le passage d’une analytique à l’autre se fait soit par versement dans… soit par glissement vers… selon Allouch : “Un tel glissement (qui convoque le terme de « versement »)”[26]. Au début de Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, il se déclare étonné par certains glissements de Lacan. Il les appelle « grains de sable », et il est dit « qu’ils surprennent et dérangent » :

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Qu’est-ce donc qui l’a amené à le glisser là, comme en passant et presque

subrepticement[27]?

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Le glissement de ces énoncés est surprenant et dérangeant car il remet en question ce que Lacan avait soutenu auparavant. Il soutient qu’il les introduit « subrepticement », c’est-à-dire de manière cachée, secrètement, clandestinement. Raison pour laquelle, ces déclarations ne sont pas fortuites, elles montrent que le savoir analytique y est mis à mal.

Pourquoi utilise-t-on le verbe glisser ? Peut-être parce que ce terme entre en résonance, il fait écho à l’opération de Lacan. En tant que lecteur, Allouch s’est longtemps attaché à distinguer ce que Lacan aura glissé dans Freud, par exemple, dans Lettre pour lettre il en signale l’opération dans le séminaire R.S.I. :

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L’opération à laquelle se livre ici Lacan de « glisser sous le pied » de Freud R.S.I.[28].

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L’unebévue ne se réfère même plus à l’inconscient freudien mais à un glissement – Lacan, 10 mai 1977. Il appelle cela un glissement, un trébuchement, un achoppement. Ce jour-là, Lacan délaisse Freud en proposant ce nouveau terme “une-bévue”, qui fait écho au précédent et, en faisant un pas en avant, ce second langage situe mieux ce premier terme de l’Unbewuβte. Ce que Lacan dit de l’une-bévue dérange les psychanalystes parce qu’il rompt avec le binarisme conscient/inconscient. À partir de l’unebévue, l’inconscient n’est plus posé comme négation du conscient. Il ajoute :

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C´est bien inquiétant parce que cette conscience ressemble fort à l’inconscient[29].

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L’unebévue de Lacan n’est pas un équivalent de l’inconscient de Freud. La création de la revue L’UNEBÉVUE[30] a été la prise en compte de ce bouleversement. Avec l’une-bévue on passe à autre chose, c’est un glissement, un trébuchement, un achoppement, comme il constate lors de ce séminaire.

Avec ce terme, il propose un nouveau langage qui délaisse le langage freudien. Lacan a créé des centaines de termes au cours de son enseignement, ils ont été déversés dans un lieu plus inhospitalier, loin du code commun de la langue. Pour accueillir ce langage, certains lecteurs[31] ont créé un dictionnaire des néologismes, ils les ont répertoriés[32]. Marcel Bénabou, qui en a écrit la préface, place Lacan du côté de la littérature, il fait partie de ceux qui ont créé des mots :

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Je dirais que, par le caractère ludique de ses manipulations verbales, Lacan se situe du côté des Brisset, des Michaux ou des Queneau[33].

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Dans Lettre pour lettre, Allouch met en évidence la façon dont Lacan a rendu possible ce passage de « Unbewuβte à une-bévue » :

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Le passage de l’une à l’autre langue maintient, avec l’homophonie des deux termes, la littéralité du premier[34].

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Comme on peut le voir dans cette citation, il met l’accent sur la littéralité dès le début lorsqu’il parle d’un passage. De son côté, Lacan, en 1976, se rend compte qu’avec l’unebévue il va plus loin que Freud :

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Cette année disons que… avec cet Insu que sait de l’une-bévue… j’essaye d’introduire quelque chose qui… qui va plus loin, qui va plus loin que… que l’inconscient[35].

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L’inconscient est un terme de Freud que le nouveau langage de Lacan est venu déplacer en 1976, en donnant naissance à un nouveau terme : une-bévue.

L’étrangeté de ce terme se fait sentir. Une parole créée par Lacan dans son langage, déplace l’inconscient et le situe hors du code commun de la langue. La littéralité opère le versement d’une langue dans une autre.

En maintenant une certaine homophonie entre la langue allemande et la langue française, Lacan va plus loin que Freud. Avec l’une-bévue de Lacan il n’y a pas d’au-delà, ni profondeur, ni opposition conscient/inconscient, ni retour possible à la langue freudienne, on est passé à autre chose.

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Une opération de glissement indiquée dans le texte d’Allouch

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Dans Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, Allouch va plus loin que Lacan. Certains énoncés lacaniens creusent les théories de Lacan et de Freud de sorte qu’il n’est plus possible d’y reconstituer quoi que ce soit. Il prend note de ces glissements de Lacan, ce qui l’amène à poser une conjecture :

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Se pourrait-il que certains d’entre eux soient liés, qu’ils finissent par composer une figure qui ne pouvait être dessinée qu’ainsi, par touches successives, dispersées et presque en sous-main[36]?

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Il les soulève comme une conjecture, c’est pourquoi il utilise le verbe au conditionnel. L’emploi du conditionnel sollicite le constat du lecteur. Ce sont ces grains de sable (trébuchements, glissements, achoppements) qui viendront configurer la discrète distinction de deux analytiques du sexe chez Lacan.

Partant d’un mode de lecture inédit, en l’occurrence, Lacan avec Foucault, Allouch propose un premier mouvement entre les analytiques : un glissement vers… On se demande : comment glissent-ils l’un vers… l’autre ? Dans « Position de l’analytique », il affirme qu’il y a eu un glissement d’une analytique vers… l’autre analytique du sexe. Jean Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, on cite :

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Dans La Volonté de savoir, Foucault distingue deux dispositifs différents : le « dispositif d’alliance », relevant du juridico-discursif, et le « dispositif de sexualité » qui, à partir d’un certain moment (au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle), s’est superposé au premier, non sans occuper largement (mais pas absolument) son terrain. « On est passé, écrit-il, d’une problématique de la relation à une problématique de la chair » – ce à quoi pourrait faire écho, en termes lacaniens, un glissement de l’analytique du rapport vers celle de l’objet. Ainsi une certaine distribution de l’érotique en deux « registres », ou « dispositifs », ou « analytiques », apparaît-elle commune à Lacan et Foucault[37].

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Histoire de la sexualité de Michel Foucault montre comment le dispositif de sexualité s’est superposé au dispositif d’alliance au tournant du XVIIIe au XIXe siècle, il a occupé son terrain sans l’effacer complètement. Dans La volonté de savoir Foucault les distingue. La sexualité est prise comme « objet de savoir et comme élément de rapports de pouvoir », selon sa lecture. Le dispositif de sexualité surgit avec l’invention de l’État moderne lorsque le besoin de gouverner et de contrôler la population se fait sentir.

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D’autre part, le dispositif d’alliance renvoie au « lien entre deux personnes au statut défini ». Dans le dispositif de sexualité, c’est autre chose qui se joue, l’accent est mis sur le corps de chacun, sur la pénétration de ces corps : « ce sont les sensations du corps, la qualité des plaisirs, la nature des impressions, aussi ténues ou imperceptibles qu’elles soient[38]. » À partir du XVIIIe siècle, il y a eu « une véritable explosion discursive autour et sur le sexe ».

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Cela s’est accompagné d’une politique de la langue et d’expression spécifique — quoi, où, comment et qui peut parler de sexe — voire d’établir une « police du sexe ». Dans le discours, le sexe et le péché sont associés. L’individu a l’obligation de tout dire sur le sexe. À première vue, dire la vérité sur le sexe est toujours la grande affaire en Occident. Le sexe est devenu le code du plaisir inséré dans le dispositif de sexualité. Ainsi un artefact a été construit pour contrôler la population autour du « sexe », ironiquement la vérité de chaque personne sera en jeu. Peu à peu, la mise en discours du sexe s’imposait à tous. Il s’agit selon Foucault d’un virage tactique sur lequel un enjeu économique s’intègre dans une politique de la langue et de la parole.

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Ce qui chiffre la lecture de Foucault

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« Quelle trace plus tenace dans la mémoire éblouie que celle laissée par leurs illuminations[39] ? »

Philippe Roger

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La référence à Histoire de la sexualité met en lumière deux termes qui créent une difficulté de lecture, car on ne sait pas toujours les distinguer. Quand Foucault y parle de sexe et de sexualité, il le fait de manière codée. Par conséquent, pour lire ce texte, il conviendrait de prendre en compte cette distinction.

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Un article publié par Allouch dans le livre Foucault, la sexualité, l’Antiquité, s’appuie sur une observation de Frédéric Gros, un témoignage indirect qui lui permet d’énoncer ce dont lui-même s’occupe dans le champ freudien. Il est en italique au commencement de « La scène sexuelle est à un seul personnage » :

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Les derniers travaux de Foucault, notait Frédéric Gros, valent comme une généalogie de la psychanalyse. Tirer les conséquences dans la psychanalyse, l’actuelle, de la mise au jour par Foucault de la généalogie de la psychanalyse dit précisément ce à quoi je m’emploie[40].

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Une généalogie orientée par la critique créatrice foucaldienne de la psychanalyse — critique dont se sert Allouch — à une certaine psychanalyse qui, au XXe siècle, a médicalisé la folie et la sexualité.

Dans un entretien avec Lucette Finas, publié en 1977, Foucault a déclaré qu’il craignait que la même chose qui est arrivée à la plupart des psychiatres lorsqu’il a écrit Histoire de la folie n’arrive aux psychanalystes ; il a essayé de raconter ce qui s’était passé jusqu’au XIXe siècle avec le cas de la folie et ils ont cru que c’était une attaque contre la psychiatrie[41].

Comme constatation de ce qu’ont souligné Gros et Allouch, il faut dire que Foucault dit lui-même que Histoire de la sexualité est une généalogie de la psychanalyse :

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Je ne sais pas ce qui va se passer avec les psychanalystes, mais je crains bien qu’ils n’entendent comme antipsychanalyse quelque chose qui ne sera qu’une généalogie[42].

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Voici un témoignage de Michel Foucault sur la façon dont il a codé dans La volonté de savoir la distinction entre sexe et sexualité. Lucette Finas, perplexe, s’interroge :

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L. Finas : — L’une des phases et conséquences de votre recherche consiste à distinguer de manière très perplexe sexe et sexualité. Pouvez-vous préciser cette distinction et nous dire comment, désormais, nous aurons à lire le titre de votre Histoire de la sexualité ?

M. Foucault : — Cette question a été la difficulté centrale de mon livre ; j’avais commencé à l’écrire comme une histoire de la manière dont on avait recouvert et travesti le sexe par cette espèce de faune, par cette végétation étrange que serait la sexualité. Or je crois que cette opposition sexe et sexualité renvoyait à une position du pouvoir comme loi et interdiction : le pouvoir aurait mis en place un dispositif de sexualité pour dire non au sexe. Mon analyse restait encore prisonnière de la conception juridique du pouvoir. Il a fallu que j’opère un renversement ; j’ai supposé que l’idée de sexe était intérieure au dispositif de la sexualité et que par conséquent ce qu’on doit retrouver à sa racine, ce n’est pas le sexe refusé, c’est une économie positive des corps et du plaisir. Or il y a un trait fondamental dans l’économie des plaisirs telle qu’elle fonctionne en Occident : c’est que le sexe lui sert de principe d’intelligibilité et de mesure[43].

 

D’après le témoignage de Foucault, c’est la difficulté centrale du texte. Foucault n’y propose ni plus ni moins que la clé de lecture au lecteur, le code dans le code, le chiffre. Il commente que l’opposition entre sexe et sexualité renvoie à la loi juridique et au système d’interdits de chaque société. Ce qui se trouve à la racine du dispositif de sexualité n’a rien à voir avec le sexe rejeté, ça renvoie à une économie des plaisirs par laquelle nos corps sont gouvernés. Il se demande : comment faire pour cesser d’être gouverné par le sexe ? Comment cela a-t-il été établi ? Je cite :

M. Foucault : — Depuis des millénaires, on tend à nous faire croire que la loi de tout plaisir, c’est, secrètement au moins, le sexe : et que c’est cela qui justifie la nécessité de sa modération, et donne la possibilité de son contrôle. Ces deux thèmes qu’au fond de tout plaisir il y a le sexe, et que la nature du sexe veut qu’il s’adonne et se limite à la procréation, ce ne sont pas des thèmes initialement chrétiens, mais stoïciens ; et le christianisme a été obligé de les reprendre lorsqu’il a voulu s’intégrer aux structures étatiques de l’Empire romain, dont le stoïcisme était la philosophie quasi universelle. Le sexe est devenu alors le code du plaisir[44].

 

Ici, Foucault présente une lecture qui montre un code. Sans le code de lecture, dans ce cas, sans la distinction entre sexe et sexualité, la lecture n’est pas possible. C’est de là que vient la perplexité mentionnée dans l’entretien. Le sexe est devenu le code du plaisir :

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C’est cette codification du plaisir par les lois du sexe qui a donné lieu finalement à tout le dispositif de sexualité. Et celui-ci nous fait croire que nous nous libérons quand nous décodons tout plaisir en termes de sexe enfin découvert. Alors qu’il faut tendre plutôt à une désexualisation, à une économie générale du plaisir qui ne soit pas sexuellement normée[45].

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Tournure en apparence subtile proposée par Foucault à la psychanalyse, qu’Allouch reprend pour l’introduire dans le champ freudien avec la distinction de deux analytiques du sexe. Presque jusqu’à la fin du XXe siècle, les gens ont été amenés à croire qu’ils se libéraient, lorsqu’ils décodaient tout plaisir en termes de sexe. C’était la mesure de la fameuse libération de la sexualité dont on parlait en prétendant qu’il s’agissait d’une conquête.

Il faut que son analyse ne soit plus prisonnière d’une conception juridique du pouvoir. L’analyse du cas de la pénalité, lui a rendu manifeste que l’affaire ne passe pas par la loi, désormais il va les considérer d’une autre manière, avec des termes nouveaux tels que technologies du pouvoir, il les considère en termes de tactique et de stratégie.

Foucault verse sa proposition en une économie du plaisir non régulée par le sexe. Pour ce faire, il propose comme stratégie, une désexualisation du plaisir. L’utilisation du code dans le code lui permet de faire un pas en avant.

Si l’on tient compte de cette distinction foucaldienne, il est aisé de voir qu’elle entre en résonance avec l’analytique célibataire, quand Allouch propose « une normalité manquante ».

La distinction foucaldienne entre sexe et sexualité renvoie à la distinction entre, d’une part, la loi sexuelle (analytique de l’objet a), et, d’autre part, une économie générale du plaisir non régulée sexuellement (analytique du lieu).

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Du glissement

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Allouch propose « un glissement de l’analytique du rapport vers l’analytique de l’objet a ». Je cite encore la phrase :

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Ce à quoi pourrait faire écho, en termes lacaniens, un glissement de l’analytique du rapport vers celle de l’objet.

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« Ce à quoi pourrait faire écho ». Il s’agit d’une subtilité, il ne dit pas que ça fait écho, il dit que « ça pourrait faire écho », ce qui indique encore qu’Allouch n’est pas là énonçant une certitude mais une conjecture. La conjecture rend nécessaire la participation et la constatation du lecteur dans la lecture. Voici une image d’un glissement de terrain :

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L’image montre qu’une fois que le glissement de terrain s’est produit, il n’y a pas de retour possible car la topographie du terrain a changé, il ne reste que des maisons inhabitables, des décombres et un peu de végétation.

Sur la Terre, les plaques tectoniques se déplacent et glissent, renouvelant sans cesse sa surface. Qu’est-ce qu’un glissement ? Un glissement de terrain, en tant que terme général, est un mouvement de masse — que cette masse soit un sol, une roche solide ou des combinaisons.

Comme le montre l’image, la Terre est une mosaïque de plaques tectoniques.

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Selon la géologie, les plaques se séparent, se rapprochent ou glissent latéralement les unes sur les autres entraînant, sur leurs limites ou bords, l’essentiel de l’activité volcanique et sismique de la Terre, ainsi que l’origine des systèmes montagneux. Lorsque les bords des plaques se déplacent parallèlement, on dit qu’ils glissent l’un sur l’autre. Ce glissement parallèle peut être dans le sens opposé ou dans le même sens, mais il se produit à des vitesses différentes. Les glissements de terrain ou mouvements de masse ne sont pas les mêmes dans tous les cas.

Quelles sont donc les plaques tectoniques ? se demande Allouch dans « Psychopathologie : de l’emprise à l’empire » ?

Une plaque pourrait être ce que Foucault appelait « épistémé » ou « discours », ou ce que Lacan appelait « champ ». Les lignes qui composent les fractures suivent une distribution différente de celle proposée par les connaissances universitaires. Ces plaques qui constituent un domaine, créent des mouvements tectoniques dans la pensée :

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Il y a ce que l’on pourrait sans doute appeler une tectonique de la pensée. Les jeux des forces qui y transforment en permanence les rapports entre les plaques, qui modifient ces plaques, donnent lieu à des glissements[46].

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Je souligne l’utilisation du conditionnel « pourrait ». Le glissement serait donc ici une des clés qui chiffre le passage d’une analytique à l’autre. Or, Allouch affirme que le terme glissement appelle le terme versement :

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Qu’est-ce donc qui rend possible un tel passage, un tel virage, un tel glissement (qui convoque le terme de « versement » plus haut employé à propos des deux analytiques lacaniennes – voir p. 16 et 45)[47] ?

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Le glissement appelle le versement dans cette citation, ils ne sont pas synonymes. Si on regarde attentivement, à la page 17, le lecteur est désorienté. La phrase qui était à la page 16, était la suivante : « Ce à quoi pourrait faire écho, en termes lacaniens, un glissement de l’analytique du rapport vers celle de l’objet. » Ici, on a affaire à l’opération de glissement. Mais, à la page précédente, il avait mentionné le versement — il dit ce qui suit en italique :

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Le parcours analytique se laisse caractériser comme un versement de l’analytique de a dans celle du rapport[48].

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Le versement prétend être le trait distinctif des deux analytiques du sexe. Le versement, conjecture Allouch, se produit lorsque la corde du symbolique opère comme un littoral :

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On notera que la plage ri est bordée par la corde du symbolique, pas seulement par les cordes de l’imaginaire et du réel. Ainsi peut-on conjecturer que ce bord symbolique opère d’une certaine façon dans ces possibles passages où ce qui se présente d’abord dans l’analytique de a est susceptible de verser dans celle du rapport[49].

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La corde du symbolique passe par-dessus l’imaginaire et par-dessous le réel dans le dessin de la mise à plat du nœud borroméen, elle sert aussi à séparer les deux zones distinguées. La corde du symbolique opérerait comme un littoral, indique Allouch, dans le versement de l’analytique de l’objet a dans l’analytique de la relation.

« Le trou de l’Autre » rend les trous corporels “bouche, oreille, œil, trou du cul, vagin, etc.” excitants, charnels, vibrants. Donc, dans un premier temps, le trou de l’Autre (le réel passe par-dessous le symbolique dans l’image) a glissé vers ces trous corporels, rendant les pulsions partielles érogènes, qui par elles-mêmes ne le sont pas.

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Après un certain seuil d’analyse, qu’Allouch appelle avec Lacan « absence de désir du rapport sexuel », l’analytique de l’objet a, verserait dans l’analytique du non-rapport sexuel :

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Il est d’ores et déjà possible d’admettre que ces versements de l’analytique première, celle de a, dans celle du rapport sexuel franchissent un seuil au-delà duquel ils vont avoir affaire à la triple in-existence de l’Autre, de sa jouissance et du rapport sexuel[50].

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Ce qui chiffre la lecture de Lacan

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Il n’y a pas de rapport sexuel concerne un geste de Jacques Lacan, ça se dit par Allouch de la manière la plus littérale possible. Je vais d’abord me servir de l’analyse du premier paragraphe du texte. Ainsi commence « L’Autresexe » Jean Allouch :

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« Il n’y a pas de rapport sexuel » : après avoir surpris, parfois choqué, la formule passe désormais de main en main, telle une monnaie usée dont la valeur va de soi. Sa signification n’est-elle pas évidente, sans ambiguïté, immédiatement accessible, au point de n’exiger plus aucun questionnement ? Pour autant, sa part d’énigme n’a pas été effacée, simplement oblitérée. Et son enjeu, lui, on osera le dire d’entrée, n’a pas été aperçu[51].

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On a mentionné la conjecture d’Allouch dans L’altérité littérale : le chiffre est opaque, illisible, énigmatique. Ainsi, si l’on lit le paragraphe de L’Autresexe à la lumière de ces trois caractéristiques du chiffre, on montre qu’avec l’énoncé « Il n’y a pas de rapport sexuel », Lacan a chiffré quelque chose, car selon Allouch il combine les trois traits :

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Sa part d’énigme n’a pas été effacée. (Énigme).

Son enjeu, lui, on osera le dire d’entrée, n’a pas été aperçu. (Illisible).

Sa signification n’est-elle pas évidente, sans ambiguïté, immédiatement accessible, au point de n’exiger plus aucun questionnement ? (Opaque).

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Qu’est-ce que Jean Allouch viendra constater avec ce chiffrage énigmatique, illisible, opaque, dans la formulation de Lacan « Il n’y a pas de rapport sexuel » ? Je cite :

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« Il n’y a rien de plus décevant que le rapport sexuel. » À s’y arrêter un instant, on reste stupéfait[52].

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Dans la vidéo de la conférence Deux analytiques du sexe, il dit que ce fut pour Lacan la pire déception de sa vie. Voir la vidéo de la conférence Deux analytiques du sexe (de 1:14:44 à 1:16:30) :

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https://www.youtube.com/watch?v=NGWdLhC7beU .

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Trois …

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“Nya” n’est pas une négation logique car il ne répond pas par oui et non, il s’agit d’autre chose. Ce n’est pas non plus une négation que l’on trouve dans le dictionnaire, d’ailleurs, elle s’écrit de différentes manières. Je cite trois indications qu’Allouch lit à propos de l’écriture de cet énoncé, qui sont, en même temps, trois refus de la négation « ne… pas » : « 1) le 15 décembre 1971, Lacan déclarait qu’« il faudrait écrire [l’]hi han appât » ; 2) en 1973, dans « L’Étourdit », une homophonie, comme telle écrite (nya/n’y a/nia), […]; 3) le 16 mars 1976, on a même pu entendre : « Et je vous dis qu’il n’y a pas de rapport sexuel, mais c’est de la broderie. C’est de la broderie parce que ça participe du oui ou non[53]. »

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On remarque le déplacement hors du binarisme du oui ou du non, le renversement par l’usage de la translittération, faisant usage de la littéralité. Allouch note que Lacan arrive à une expression qui viendra se situer hors du code commun de la langue, et qui n’aura pas une manière correcte de s’écrire : soit comme homophonie nya/n’y a/nia/, soit comme un cri : “hi han appât”.

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Il n’y a pas de rapport sexuel, c’est repris par Allouch comme un geste de Lacan, comme un hurlement, un cri. Chambon dans son livre Lacan, La scène, dessine la scène : – Lacan se situe sur la scène d’un théâtre d’ombres, seul, criant sur scène devant son public.

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[54]

Allouch ajoute dans la vidéo de la conférence déjà évoquée :

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« Celui qui ignore cela passe à côté de la question. »

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Il n’y a pas de rapport sexuel est une illumination de Jacques Lacan :

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Quel pourrait être le statut épistémique de la formule de Jacques Lacan « il n’y a pas de rapport sexuel » ou, plus justement, de sa formule, celle qu’il s’employait à mettre en avant comme n’étant pas seulement sienne tout en la disant telle : une illumination[55].

 

Ce qu’Allouch appelle le chiffre, joue sa partie dans la zone des illuminations. Dans le dessin, cette zone se distingue nettement de la zone des interprétations, ainsi que de la zone du déchiffrement du sens :

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[56]

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« Il n’y a pas de rapport sexuel » ne peut s’écrire dans le code commun de la langue, ce n’est pas une négation logique, un chiffre qui joue sa partie dans la zone des illuminations.

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L’illumination, en cela accordée à ce dont elle traite (trois « il n’y a pas » : pas de jouissance de l’Autre, pas d’Autre de l’Autre, pas de rapport sexuel), est un imaginaire réalisé, aussi bien un réel imaginarisé[57].

Petit scénario « Godard : Penser avec les mains. Un art de l’altérité. »

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Pour explorer de façon indirecte cet espace de problématisation de la distinction de deux analytiques du sexe, on va se servir maintenant de Jean-Luc Godard et de sa caméra. « C’est quand même un très bon instrument de travail, la caméra[58] », aura dit Jacques Lacan en 1953. Avec la caméra de Godard, on peut voir ce qu’il en est de la technique du champ contrechamp, qui est l’un des éléments du langage cinématographique. Cette technique cinématographique simple est aussi l’un des piliers de la production audiovisuelle.

Chez Godard, cette technique sert à montrer une zone qui se situe entre l’imaginaire et le réel[59]. Dans un article publié le 20 novembre 2010, Pourquoi adore-t-on (quand même) Godard ?, il est précisé que son cinéma oscille entre réel et imaginaire. Le réalisateur y invente une issue au « binarisme » :

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Certains cinéastes disent “se nourrir du réel” et s’en gargarisent, d’autres disent n’aimer que l’imaginaire. Les films de Godard se situent entre les deux : en prise directe avec le réel (le cadre posé, le réel défile devant) mais imaginaire parce qu’il invente des histoires qui n’existent pas dans la réalité[60].

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On a composé un petit scénario avec un extrait du film Notre Musique, de Jean-Luc Godard (7’06)[61] et des « réseaux citationnels » empruntés pour l’occasion au cinéma de Godard. Ce texte explore avec le Jean-Luc Godard de Notre musique et Adieu au langage un terrain à conquérir entre l’imaginaire et le réel. Cela implique un geste d’édition. Ce scénario est composé par un narrateur (N) et Jean-Luc Godard (JLG), extrait, fragments de ses écrits, textes, commentaires, articles et interviews :

Voir un extrait du film Notre Musique, de Jean Luc Godard (7’06) :

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https://www.youtube.com/watch?v=IQJUCnsDFlE

L’acte de citer

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JLG : – J’ai toujours utilisé la citation, c’est-à-dire que je n’ai jamais rien inventé. J’ai mis en scène des éléments que je voyais à partir de notes que je prenais, notes qui peuvent venir de lectures, qui peuvent venir de paroles dites par quelqu’un, je n’ai rien inventé. (…) Au cinéma, ce que je trouve d’intéressant, c’est qu’il n’y a absolument rien à inventer. C’est proche de la peinture dans ce sens-là, (…), on corrige, on pose, on assemble, on n’invente rien[62].

N : – Choisir de s’exprimer avec les mots des autres, plutôt que de ré-exprimer la même idée avec ses propres mots, est un parti-pris stylistique, esthétique. Citer, c’est d’abord, pour Godard : « écrire », écrire par la lecture[63].

JLG : – Écrire, car c’est toujours récrire, ne diffère pas de citer[64].

N : – La citation n’est pas là pour « faire autorité », mais pour servir de terrain à la réflexion. Il s’agit de « réseaux citationnels[65] ».

JLG : – J’ai fait les films que la situation me commandait[66]. J’aime beaucoup les notes de bas de page, je commence par ça. Avant je les mettais comme citations, maintenant comme situations[67].

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Voir l’invisible

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JLG : – On pensait que le cinéma pouvait servir à ça : voir quelque chose qu’on ne voit pas nous-mêmes. On avait cette idée que la caméra était faite, comme le microscope ou le télescope, pour voir ce qu’on ne voit pas[68].

Voir le champ et le contrechamp

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JLG : – Le champ et le contrechamp n’impliquent aucune équivalence, aucune égalité, ils posent une question. Ça apporte un souffle, ça apporte une autre idée. La caméra sert à quelque chose. La caméra est le véritable contrechamp du projecteur, et les bons films partent du contrechamp, de la caméra. Alors que presque tous les films commencent par le projecteur, car les cinéastes ont déjà envie de dire quelque chose avant de les tourner. Ils violent la caméra, ils la soumettent à un discours, ils disent « je vais filmer cette pomme pour ceci et cela, parce que tel type a dit cela… ». Parce que la caméra fait partie du réel[69]. Ils sont doubles. Il y a le champ et le contrechamp. J’ai besoin de voir le champ et le contrechamp. Un champ contrechamp, ça peut être deux paroles, deux images, ça peut être une image et une parole[70].

N : – Dans Notre Musique se succèdent fragments documentaires et fragments de fiction.

Godard reprend le thème de la religion, qui commençait par Je te salue, Marie, en évoquant le miracle de Bernadette Soubirou, une jeune fille qui vit la Vierge sous le Second Empire. Il mentionne que lorsque la jeune fille a été interrogée, elle n’a pas reconnu la Vierge dans les images de Raphaël ou d’autres peintres, mais l’a plutôt reconnue dans une icône, la Vierge de Cambrai.

Une photo couleur d’israéliens sur des terres nouvellement occupées en 1948, contraste avec une autre en noir et blanc d’un groupe de palestiniens à la même date. L’occupation fabrique le discours politique par des effets de vérité : Israël fictionnalise son nouveau pays, la Palestine documente sa perte[71].

Une réflexion de Paul Klee, mise dans la bouche d’un des protagonistes : L’art ne reproduit pas le visible. Il le rend visible. L’imaginaire ne reflète pas la réalité. C’est la réalité de la réflexion. La réalité du reflet serait les traces du réel filmé par Godard[72]. Tendant toujours vers un point d’indiscernabilité[73].

JLG : – Je suis parti de l’imaginaire et j’ai découvert le réel ; mais, derrière le réel, j’ai retrouvé l’imaginaire. Le rapport au réel est venu plus tard, en même temps que l’idée que le véritable imaginaire exige, pour le dire naïvement, de passer par le réel[74].

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Lacan « assez cinéaste »

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JLG : – Si on n’a pas fait d’analyse, on ne sait pas ce qu’on n’aime pas chez l’autre, chez soi. Par rapport à ça, Lacan faisait parfois de vrais champs contrechamps. Il était assez cinéaste.

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Sur l’image

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JLG : – Une image est une association[75]. J’ai besoin d’au moins deux images, deux mots, mais pas la même chose sous prétexte d’être autre chose. J’ai besoin de voir le champ et le contrechamp. J’ai besoin de provoquer le contrechamp avec un champ pour que quelque chose apparaisse[76].

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Revenons maintenant sur cette distinction de deux analytiques du sexe. Pour y parvenir, il me semble que la technique du champ contrechamp qu’on vient de voir pourrait être utile, car, en l’utilisant à la manière de Godard, aucune de deux analytiques du sexe n’est exclue.

Cette technique montre une tension qui permet de voir le champ contrechamp. On conjecture qu’à partir du livre L’Autresexe, Allouch propose une issue au binarisme avec la distinction de deux analytiques du sexe chez Lacan :

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L’Autresexe rend secondaires les distinctions du normal et du pathologique, du masculin et du féminin, de l’homosexuel et de l’hétérosexuel, ou toute autre de cette farine[77].

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Il situe le lieu où cela se produit : « C’est à chaque fois de l’Autre pris en corps qu’il s’agit, de l’Autresexe. »

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Jean Allouch avec l’Autresexe, distingue un registre inédit du sexuel, mais, cette distinction se fera à partir d’un second langage. Ici, il ne s’agit plus du Grand Autre ou de l’Autre comme trésor de signifiants, mais de la place de l’Autre, la place d’un trou :

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Il y a un trou et ce trou s’appelle l’Autre. Jacques Lacan, le 8 mai 1973.

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Cette distinction fonctionne tant que l’Autre lacanien n’est pas caractérisé comme un agent, remarque Allouch. L’Autre inexistant est une affaire de lieu. Selon cette lecture de Lacan, la plage du « vrai trou », se situe entre l’imaginaire et le réel :

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[78]

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Un champ contrechamp lacanien sur la sexualité et la défense

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Pour rendre visible le versement, il faut faire l’exercice. Il n’y a pas d’équivalence entre les deux analytiques, pas d’égalité, elles se présentent simultanément, comme on peut le voir sur le dessin du nœud borroméen.

C’est une manière de lire l’expérience analytique à partir de la localisation d’une zone entre l’imaginaire et le réel. Faire vibrer la ficelle de l’imaginaire produit des effets réels.

Avec ces deux analytiques du sexe, surgissent de nouvelles problématisations. Je reprends un exemple cité par Jean Allouch avec l’irruption des sept grains de sable de Lacan dans Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien [79]. L’un de ces grains de sable est la sexualité, prise comme en étant elle-même une défense :

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La sexualité telle qu’elle est vécue, telle qu’elle opère, c’est, à cet endroit – dans tout ce que nous repérons dans notre expérience analytique – quelque chose qui représente un    «  se défendre » de donner suite à cette vérité : qu’il n’y a pas d’Autre (25 janvier 1967)[80].

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Jacques Lacan faisait lui-même parfois de vrais champs contrechamps. Si on utilise la technique du champ contrechamp proposée par Godard, cet énoncé sert à montrer une zone qui se situe entre l’imaginaire et le réel. Il s’agit d’un champ contrechamp lacanien sur la sexualité et la défense. Allouch se sert de ce grain de sable. Il met l’accent sur l’actualité de la tension entre Freud et Lacan sur ce point, et, à son tour, il s’interroge sur l’érotique analytique :

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Quoi, la sexualité ne serait-elle plus ce contre quoi s’élèvent des défenses, mais, elle-même, une défense[81] ?

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Comment aborder cette question ? Dans ce texte, elle n’est pas développée. Alors, je reprends la question posée par Allouch. En effet, dans la lettre 42 à Fliess du 21 mars 1894, Freud a écrit : « Ce contre quoi s’exerce la défense est toujours la sexualité [82]. »

Plus de cinquante ans plus tard, en 1956, Lacan critique Freud : « La notion de défense n’a pas d’autre sens que celui qu’elle a dans le sens de se défendre contre une tentation[83] ».

La défense commence à perdre son sens freudien. D’où vient cette critique ? On se souvient ici de la traduction en 1932 par Lacan du texte de Freud « De quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité » :

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C’est un fait d’expérience quotidienne, que la fidélité́, surtout celle qu’on exige dans le mariage, ne se maintienne qu’au prix d’une lutte contre de constantes tentations[84].

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Freud a employé la notion de défense en l’utilisant comme une image qui va de soi, comme un fait de la vie quotidienne, tandis qu’il parle constamment de répression et de défense sans arriver à les établir vraiment dans sa théorie de la sexualité. Selon lui, à l’époque, sa doctrine de la défense était un pas en avant important. Par exemple, voir la lettre à Fliess le 20 juin 1898, il parle de « la défense contre l’inceste » :

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Il n’y a pas de doute qu’il s’agit, sous une forme poétique de la défense contre le souvenir d’un rapport avec la sœur[85].

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Une autre formule souvent utilisée par lui : « se défendre contre l’homosexualité[86]». Il est possible de vérifier que Freud et le freudisme l’ont largement utilisée. Le problème lacanien de cette utilisation freudienne de « se défendre contre », c’est que, si cela se vérifie, il y a un rapport sexuel entre la sexualité et la défense. Il y a là selon Freud « le souvenir d’un rapport ».

Or, en quoi cette question posée par Allouch modifie-t-elle l’érotique analytique ? On propose deux points comme réponses à la question :

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D’un côté, la sexualité est reprise comme étant elle-même une défense : « quelque chose qui représente un « se défendre » de donner suite à cette vérité́ qu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre ». Ainsi, on lit : la sexualité serait elle-même, une défense. Mais, il s’avère que, en 2021, dans le texte Analytique du lien, analytique du lieu, il donne une réponse : « Qu’est-ce donc qui l’a poussé à ainsi écarter d’une phrase l’ensemble de l’innovante (on a même dit « révolutionnaire ») perspective freudienne sur la sexualité ? On ne trouve aucune trace chez Freud d’un rapport sexuel jugé inexistant », « si l’Autre existait, pourrait s’établir avec lui un rapport sexuel [87]. »

D’un autre côté, si on se sert de la technique du champ contrechamp à la manière de Godard, il ne s’agit plus de la défense ni de la sexualité, ni d’établir non plus un rapport entre les deux. Ce serait une question d’effets réels et imaginaires, des versements produits parce qu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre : « que ces versements de l’analytique première, celle de a, dans celle du rapport sexuel franchissent un seuil au-delà duquel ils vont avoir affaire à la triple in-existence de l’Autre, de sa jouissance et du rapport sexuel[88] ».

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Cette technique du champ contrechamp vide de sens la place accordée auparavant à la sexualité et à la défense. La mise en résonance de ces deux termes fait apparaître un endroit vide de sens. Désormais, il ne s’agit plus de la sexualité ni de la défense, mais maintenant de ce lieu vide qui arrive finalement comme un effet du déplacement effectué. La distinction de deux analytiques du sexe ouvre la voie à une nouvelle érotique analytique où la place de la sexualité en tant que telle est déplacée. Il est dit qu’on a une sexualité. Qu’est-ce que cela pourrait signifier d’avoir une sexualité après ce bref parcours qu’on vient de faire ? Dans l’analytique de l’objet a : « La sexualité, elle, est du côté de la norme, du savoir, de la vie, du sens, des disciplines et des régulations[89]. » Dans l’analytique célibataire la sexualité en tant que telle aurait disparu, « plusieurs personnages d’un théâtre d’ombres vont venir occuper cette même place où se joue l’inexistence du rapport sexuel [90]». Je propose ici d’accueillir cette modification importante de l’érotique analytique.

  1. Une première ébauche de ce texte a été présentée au colloque de l’École lacanienne de psychanalyse : « Deux analytiques du sexe. Analytique du lien, analytique du lieu », Paris, 11 et 12 juin 2022 :

    https://ecole-lacanienne.net/es/event/deux-analytiques-du-sexe-analytique-du-lien-analytique-du-lieu-2/ .

  2. Jean Allouch, “Horizontalité du sexe”, L’Unebévue, n° 19, Paris, 2001, p. 163-181.
  3. Jacques Lacan, séance 31 mars 1965, Problèmes cruciaux pour la psychanalyse (1964-1965), Paris, p. 51 :

    https://ecole-lacanienne.net/wp-content/uploads/2016/04/1965.03.31.pdf .

  4. Jean Allouch, La scène lacanienne et son cercle magique, Des fous se soulèvent, Paris, Epel, 2017, p. 35.
  5. Id., p. 95. Le concept d’incarpation ne sera pas travaillé ici. L’incarpation c’est ce qui lie les deux analytiques du sexe « sans pour autant qu’il s’agisse de la même opération ». Dans L’Autresexe, il est dit sur l’incarpation : « En condensant l’occupation et l’incarnation, l’incarpation interroge de façon nouvelle cette possibilité que Lacan a repérée dans sa doctrine de la fin de l’analyse, ce point de basculement qui fait qu’après que l’objet a occupé son lieu (dit par Lacan « lieu de l’Autre »), c’est ce lieu qui résorbe l’objet. Le nom lacanien de cet objet ainsi perdu est « petit a », sa perte elle-même faisant advenir l’Autre comme inexistant ». J. Allouch, L’Autresexe, Paris, Epel, 2015, p. 186. Aussi, pour un développement de la question, on pourrait lire avec profit : George-Henri Melenotte, L’insistance de la lettre chez Lacan, Paris, Epel, 2021.
  6. Jean Allouch, Lettre pour lettre, Transcrire, traduire, translittérer. Suivi de L’altérité littérale (postface 2021), Paris, Epel, p. 121.
  7. Id., p. 384.
  8. Id., p. 388.
  9. Id., p. 389.
  10. G-H. Melenotte, L’insistance de la lettre chez Lacan, op. cit., p. 151.
  11. J. Allouch, Lettre pour lettre, op. cit., p. 92.
  12. Id., p. 91.
  13. Id., p. 233.
  14. Ibid.
  15. Ibid.
  16. Id., p. 363.
  17. Id., p. 15.
  18. Ibid.
  19. Id., p. 18.
  20. Id., p. 17.
  21. Id., p. 21.
  22. Id., p. 353.
  23. G-H. Melenotte, L’insistance de la lettre chez Lacan, op. cit., p. 6.
  24. Jean Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, Paris, Epel, 2017, p. 11.
  25. Id., p. 27.
  26. Id., p. 67.
  27. Id., p. 7.
  28. J. Allouch, Lettre pour lettre, op. cit, p. 348.
  29. Jacques Lacan, séance 10 mai 1977, L’insu que sait de l’une-bévue s ́aile à mourre, version bilingue, ELP :

    https://ecole-lacanienne.net/es/bibliolacan/seminarios-versiones-bilingues/ .

  30. L’Unebévue, Numéro 1, Freud ou la raison depuis Lacan, Paris, Epel, 1992.
  31. Ça a commencé par un travail de collecte collectif de l’École lacanienne de psychanalyse.
  32. Yan Pélissier, Marcel Bénabou, Dominique de Liège, Laurent Cornaz, 789 Néologismes de Jacques Lacan, « Préface », Paris, Epel, 2002, p. IX.
  33. Id., p. IX.
  34. J. Allouch, Lettre pour lettre, op. cit., p. 142.
  35. Jacques Lacan, séance 16 novembre 1976, L’insu que sait de l’une-bévue saile à mourre, version bilingue, ELP : https://ecole-lacanienne.net/es/bibliolacan/seminarios-versiones-bilingues/ .
  36. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ? op.cit., p. 7.
  37. Id., p. 17-18.
  38. Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 140-141.
  39. Philippe Roger, Michel Foucault. “Un très beau feu d’artifice” », Critique, numéro 835, Paris, 2016, p. 963. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, op. cit., p. 34.
  40. Jean Allouch, « La scène sexuelle est à un seul personnage », Foucault, la sexualité, l’Antiquité, sous la direction de Sandra Boehringer y Daniele Lorenzini, Paris, Kimé, 2016, p. 89.
  41. Michel Foucault, La Quinzaine littéraire, n. 247, 1977, Dits et écrits tome III, texte n. 197, Paris, Gallimard, 1984 : http://1libertaire.free.fr/MFoucault108.html .
  42. Ibid.
  43. Ibid.
  44. Ibid.
  45. Ibid.
  46. Jean Allouch, Psychopathologie : de l’emprise à l’empire ?, 2013, Paris, sur son site :

    https://www.jeanallouch.com/document/251/2013-Psychopathologie-de-l-emprise-a-l-empire .

  47. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, op. cit., p. 67.
  48. Id., p. 16.
  49. Id., p. 45.
  50. Ibid.
  51. J. Allouch, L’Autresexe, op. cit., p. 9.
  52. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ?, op. cit., p. 39.
  53. Jean Allouch, annonce du séminaire : « Il nya pas de rapport hétérosexuel », 18 janvier 2014, p. 1.
  54. Patrick Chambon, Lacan, La scène, « VII, Troumatisme », Paris, Epel, 2012.
  55. Jean Allouch, L’Autresexe, op. cit., p. 135-136.
  56. Id., p. 137.
  57. Id., p. 137-138.
  58. Jacques Lacan, 22 mars 1955, « Intervention sur l’exposé de Mme Aubry », site de l’elp, Pas-tout Lacan :

    https://ecole-lacanienne.net/wp-content/uploads/2016/04/1955-03-22.pdf.

  59. Il faudrait faire une étude sur l’emploi des termes réel et imaginaire selon qu’ils émanent de Godard ou de Lacan.
  60. J-B. Mourin, Pourquoi adore-t-on (quand même) Godard ?, Paris, Les inrockuptibles : https://www.lesinrocks.com/cinema/pourquoi-adore-t-on-quand-meme-godard-29817-20-11-2010/ .
  61. Un extrait du film Notre Musique, de Jean Luc Godard (7’06) :

    https://www.youtube.com/watch?v=IQJUCnsDFlE.

  62. Jean Luc Godard, Introduction à une véritable histoire du cinéma, Paris, Albatros, Colls Ca/Cinéma, 1980, p. 204.
  63. Ibid.
  64. J-L. Godard, Introduction à une véritable histoire du cinéma, op. cit..
  65. J. D’Abrigeon, Université Jean Moulin, Lyon, Faculté des lettres et civilisations, 1994-1995, p. 20. Jean-Luc Godard, cinéaste-écrivain. De la citation à la création, présence et rôle de la littérature dans le cinéma de Jean-Luc Godard de 1959 à 1967, p. 24 : http://tapin2.org/IMG/pdf/godard.pdf.
  66. Jean Luc Godard, Y. Ishaghpour, Archéologie du cinéma et mémoire du siècle. Dialogue, Tours, Farrago 2000, p.62.
  67. Jean Luc Godard, « Quand j’ai commencé à faire des films, j’avais zéro an », interview, Libération, 2004 : https://www.liberation.fr/cinema/2004/05/15/quand-j-ai-commence-a-faire-des-films-j-avais-zero-an_479637/.
  68. Jean-Luc Godard : « C’est notre musique, c’est notre ADN, c’est nous », par Serge Kaganski, 5 mai 2004, Les inrockuptibles :

    https://www.lesinrocks.com/cinema/jean-luc-godard-cest-notre-musique-cest-notre-adn-cest-nous-81800-05-05-2004/ .

  69. Jean-Luc Godard, Pensar entre imágenes, Conversaciones, entrevistas, presentaciones y otros fragmentos, Edición de Nuria Aidelman y Gonzalo de Lucas, Barcelona, Intermedio, 2010, p. 406-409. (Trad. RP).
  70. J-L. Godard : « C’est notre musique, c’est notre ADN, c’est nous », op. cit..
  71. Álvaro García Mateluna, Pourquoi Godard ? À propos de Notre musique :

    https://lafuga.cl/por-que-godard/765.

  72. J-L. Godard, Pensar entre imágenes, op. cit., p. 160.
  73. Id, p. 61.
  74. Id., p. 28.
  75. Id., p. 342 et p. 455. (Trad. RP.)
  76. J-L. Godard : « C’est notre musique, c’est notre ADN, c’est nous », par Serge Kaganski, 5 mai 2004, Les inrockuptibles, op. cit.
  77. J. Allouch, L’Autresexe, op. cit., p. 85.
  78. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ? op. cit., p. 26.
  79. Id., p. 7.
  80. Id., p. 9.
  81. Id., p. 10.
  82. Sigmund Freud, 21 mai 1994, Lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904, Paris, PUF, 2006, p. 99.
  83. Jacques Lacan, séance 25 janvier 1956, séminaire 3, Psychoses, version Staferla :

    http://staferla.free.fr/S3/S3.htm.

  84. Traduction de l’allemand par Jacques Lacan d’un article de Freud « Über einige neurotische Mechanismen bei Eifersucht, Paranoia und Homosexualität », paru pour la première fois dans Internationale Zeitschrift Psychoanalyse, Bd VIII, 1922. Cette traduction fut publiée dans la Revue française de psychanalyse, 1932, tome V, n° 3, p. 391-401. Voir : https://ecole-lacanienne.net/wp-content/uploads/2016/04/1932-00-00.pdf .
  85. S. Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, op. cit., p. 404.
  86. Un autre exemple : Sigmund Freud, « Triebe und Triebschicksale », Fischer Taschenbuch Verlag, 1915, p. 90. Il aura dit : “kann man die Triebschicksale auch als Arten der Abwehr gegen die Triebe darstellen”. Voir : http://www.agpolpsy.de/wp-content/uploads/2015/04/Freud-Triebe-und-Triebschicksale.pdf.
  87. Jean Allouch, « Deux analytiques », Espace Analytique, 3 juillet 2021, colloque “Histoire de la sexualité” de Michel Foucault. Enjeux politiques et éthiques de la,psychanalyse. Sur son site : http://www.jeanallouch.com/document/394/2021-deux-analytiques.html .
  88. J. Allouch, Pourquoi y a-t-il de l’excitation sexuelle plutôt que rien ? op. cit., p. 45.
  89. Michel Foucault, Histoire de la sexualité I, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 195.
  90. J. Allouch, L’Autresexe, op. cit., p. 10 : « Ainsi est-on conduit au théâtre, non pas dans une machinerie conceptuelle. Les objets n’y sont ni pulsionnels ni d’amour, bien plutôt des sortes de personnages dont le statut devra être à chaque fois précisé ».
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