À propos de la revue neutre

Appeler « neutre » une revue de psychanalyse peut surprendre. Cette mise provient de la distinction de deux analytiques du sexe, l’analytique du lien, celle du lieu, mais où le deux échapperait au binarisme. Comment répondre à la question du genre, ouverte par les études gays et lesbiennes ? La déclaration de Lacan : « Il n’y a pas de rapport sexuel » libère de nouvelles propositions pour l’analyse. Finie la distinction normal/pathologique. La volonté s’exerce aux côtés du soulèvement. Place est donnée à l’altérité littérale. Un accueil décisif est fait à la folie par la prise en compte de la valeur propre de la parole insensée. L’objet s’efface tout doucement. Le lieu de l’Autre se réduit à… un lieu. La cause perd de sa portée. Le statut de l’image valorise sa puissance érogène. L’accent est mis sur le caractère « troumatique » (Lacan) de la fin de l’analyse. Quelle conséquence pour l’érotique ?
La mise en ligne de neutre propose à ses lecteurs l’exploration de tout « ça ».

revue neutre n°3

Exercices d’ouvertures

Sommaire

Analytique du lien, analytique du lieu (Jean Allouch)

Accueillir la folie. Freud, Hollós, un croisement manqué (Gloria Leff)

Le trait lunaire (David Frank Allen)

Exercices analytiques (Rafael Perez)

Quand le code propre fait des siennes (George-Henri Melenotte)

Troubles à l’Es… et autres jeux de pronoms (Marie-Caroline Heimonet)

La spécularité du cas (Guy Le Gaufey)

Sur l’affaire Lancelin/Papin : Acheronta movebo (Guy Casadamont)

Faire cas de L’épopée Nozière (Viviane Dubol, Catherine Franceschi, Clément Jallade)

 

Varia

Qui apporte la peste ? Variations sur l’imaginaire du maître en psychanalyse (Anouck Cape)

 

Cabinet de lecture

« Chérissons la brouillardise ». À propos du livre de Jean Allouch Transmaître (Simone Wiener)

Le neutre, effet de la castration (Charles-Henry Pradelles de Latour)

Le Désir et ses rites, témoignage de Charles-Henry Pradelles de Latour (Silvia Artasánchez)

Chemin faisant avec l’ouvrage Le Désir et ses rites (Emmanuel Pic)

Que voit-on dans Les Ménines ? Sur L’effet Ménines. Foucault, Lacan, Picasso, Leroy de George-Henri Melenotte (Laurent Zimmermann)

En-quête de l’image en elle-même : L’effet Ménines. Foucault, Lacan, Picasso, Leroy de George-Henri Melenotte (Catherine Franceschi)

 

Documents : Échos à l’article de Gloria Leff : “Accueillir la folie” 

Lettre de Freud à Hollós, du 10 avril 1928 et sa transcription

Proposition de traduction de la lettre de Freud à Hollós du 10 avril 1928

Préface du livre Das Ich und das Es dans sa version hongroise originale de 1937

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Une intervention de Jean Allouch ouvre ce numéro, où l’accent porte notamment sur la puissance de l’image. Mais l’ouverture majeure provient du bouleversement qu’apporte, dans l’exercice et la doctrine analytiques, la distinction d’une analytique de l’objet et d’une analytique du lieu. Certains concepts ne vont plus de soi. D’autres termes prennent place. La revue neutre en ouvre l’exploration.

 

Freud n’avait pas pu donner toute sa place à la folie au tournant du XXe siècle, laissant, au fil des années, se produire un mélange tératologique entre deux méthodologies différentes : la psychiatrique et la freudienne. De cette ouverture manquée, il s’explique honnêtement dans une lettre à István Hollós qui, lui, avait inventé une manière créative d’exercer son écoute. On en trouvera la copie originale en rubrique Documents. On en trouvera aussi un rebond dans la rubrique Varia qui questionne l’imaginaire du maître.

 

La folie ouvre à l’invention langagière, « trait lunaire », dit-on quand la psychopathologie fait silence pour laisser entendre la parole qui se soulève.

 

Une forme « d’exercice » plutôt que de « pratique », « exercices de lecture-écriture », est proposée. Ici nommée réception non passive qui ouvrirait un autre espace où le lecteur pourrait approcher des expériences et des voix différentes des siennes.

 

Il peut s’agir d’une parole qui porte son propre code, irréductible au code commun de la langue, échappant au sens, comme le manifeste l’œuvre de Roussel.

 

Avec « Troubles à l’Es », on apercevra des symptômes viennois, non moins figures libres et poétiques. Avec « la spécularité du cas » il s’agit d’établir à quel point la carrière d’un « cas » tient à sa capacité de « faire image ».

 

« L’affaire Lancelin/Papin » est réouverte et il n’y a plus « solution du passage à l’acte » mais le décryptage de nouveaux éléments pris en compte pour la première fois de manière saisissante. La distinction entre passage à l’acte et saut épique qui parfois alternent sert aussi à une présentation de l’épopée Nozière dans les entours de son époque.

 

Le Cahier de lectures est très nourri, il offre des approches critiques, serrées mais ouvertes…

 
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